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J'ai enfanté à la maison

Dernière mise à jour : 8 sept. 2021

Parce qu'en 2021 nos droits à Enfanter librement ne sont toujours pas respecter ! Parce qu'en 2021 je reçois encore tous les jours des messages de femmes subissant des violences obstétricales! Parce qu'en 2021 il n'apparaît pas encore clair pour tout le monde que les femmes enfantent l'Humanité depuis la nuit des temps. Parce que avant que la médecine obstétricale ne naissent, on vous a mis au monde dans nos maisons...

Il me parait alors important de raconter mon expérience puissante d'enfantement à la maison, ce magnifique rite de passage, le jour où je suis devenue mère.

Voici le récit de Mon enfantement à la maison


Naissance de ROSA CALI 19 Janvier 2017 à Benalmadena (Espagne) Nos douces retrouvailles. D'après les échographies ma fille était prévue pour le 29 Janvier mais je la sentais arrivée avant. J'ai commencé à avoir des contractions le 29 décembre! Un mois avant! Moi qui étais si confiante en mon corps et l'univers, à l'arrivée de ces contractions dans mon corps j'ai senti un flux d'hormones m'envahir et ... la peur. J'ai respiré profondément et j'ai parlé à ma fille, je lui ai dit de rester encore un peu dans mon ventre pour prendre plus de force. Et les contractions se sont apaisées. Le 17 et 18 janvier j'ai ressenti encore des contractions mais cette fois je n'avais plus peur, je commençais à être fatigué de la grossesse, après avoir vomi chaque jours durant 9 mois, et je n'avais qu'une hâte, qu'elle sorte! Le 19 Janvier à 5h30 du matin la perte des eaux m'a réveillé instantanément, j'ai sauté en dehors du lit pour ne pas mouiller le matelas. Durant les deux heures qui ont suivi j'ai continué à perdre de l'eau ça ne finissait jamais. J'ai tout de suite écrit un petit mot à ma sœur, laissé en belle vue sur la table de la cuisine pour qu'elle le voit à son réveil, lui disant de ne pas aller à son cours de thai chi ce matin car it was THE D DAY. Vers 7h j'ai commencé à avoir des petites contractions, exactement les mêmes que j'ai pu ressentir durant les dernières semaines, celles que les médecins disent de fausses contractions, braxton ect... Elles ont tout de suite commencé assez rapproché, toutes les 8/10 minutes. Je me suis installée dans ma chambre, moi assise accroupie ou sur les genoux au pied du lit, avec le chauffage d'appoint dans le dos. J'ai ressenti une graduation dans l'intensité des contractions les heures qui ont suivi, mais ça n'a jamais atteint un point insupportable. Je prenais de longues et profonde respiration et je me laissé emporter à chaque contraction un peu plus loin, un peu plus profondément dans ce long néant cosmique, je me sentais aspirée vers une autre dimension. Il est certain que je ne me trouvais ni en Espagne ni dans ma chambre, j'étais au plus profond de l'univers, dans les profondeurs de l'utérus. Lorsque ma sœur rentrait dans la pièce pour me demander si tout aller bien et si j'avais besoin de quelque chose, je me sentais revenir brutalement sur cette Terre dure et rude, c'était désagréable, je voulais continuer de flotter dans ma bulle. Durant la grossesse je m'étais préparé une playlist d'accouchement, je l'écoutais tous les soirs en faisant mon yoga et mes méditations. Mais ce jour, ce fut une autre mélodie qui m'appelait. Je ne voulais rien entendre d'autre que le murmure de la vie. Je ne voulais pas que ma sœur reste avec moi ni me parle, je ne voulais pas de bouillotte sur mon dos ni de piscine ou bain comme j'avais pu l'envisager pendant ma grossesse. J'avais lu qu'il pouvait être bon d'être entouré d'une personne chère, ou une sage-femme, faisant preuve de soutien durant l'accouchement, afin de nous aider à gérer les contractions, nous faire des compliments, chanter et vibrer avec nous, nous rassurer... Mais ce jour-là j'étais une louve, dans la chaleur et l'obscurité de la pièce je me reconnectais à l'essence même de mon être, celui du mammifère donnant la vie, la femme accueillant l'amour. Mi fille- mi femme j'étais en pleine transformation de mon être, tel un loup garou se métamorphosant. Bien que dans une sensation de transe, l'esprit presque en dehors de mon corps, Je vivais une explosion d'éveil, d'émerveillement et de développement. Tous les éléments étaient réunis pour favoriser cet événement, on était réuni, le silence, Rosa Cali moi et l'Univers. Ma sœur est revenue pour dresser un petit autel dans la chambre, avec des bougies, des pierres, des fleurs, et des petits oiseaux que j'avais confectionné. C'était la meilleure façon qu'elle ait pu trouver afin d'être malgré tout avec moi, que ses énergies positives et bienveillantes m'accompagnent bien que dans mon retranchement. Durant la grossesse je priais souvent le soir en pensant à toutes les femmes qui enfantent dans le monde à chaque seconde. Je me voyais les soutenir, les encourager, les aimer, et même apaiser leur douleur, je leur disais que j'acceptais de prendre leur douleur à leur place afin qu'elles vivent pleinement ce moment magique. Elles semblent parfois loin de nous toutes ces femmes, pourtant ça a été nos sœurs, nos mères, nos amies, et ça aller être à mon tour très prochainement, et peut-être qu'au fond j'espérais aussi qu'une femme, quelque part sur Terre prendrait le temps de faire une prière pour moi le jour de mon accouchement... Je suis certaine que ce fut le cas. Je n'associe pas du tout le mot douleur à mon accouchement, peut-être qu'une femme quelque part a décidé de m'en soulager à son tour... Les contractions se rapprochaient et je m'efforçais de rester détendu, de ne surtout pas serrer la mâchoire les poings ni mon périnée, mais au contraire d'aller avec les contractions en libérant de ma bouche des notes de Ahhh Ohhh en ouvrant grand la bouche pour aider la dilatation. Puis je parlais à Rosa Cali, je lui disais qu'on formait une super équipe, qu'on faisait du bon travail, qu'il fallait continuer comme ça et qu'on aller bientôt enfin se rencontrer. En me touchant je ne trouvais pas de grosse ouverture je me demandais brièvement si j'étais ne serait-ce qu'un peu dilatée et combien de temps ça aller encore prendre. Je parlais aussi à mon col de l'utérus pour qu'il s'ouvre, je l'imaginais telle une fleur qui s'ouvre, j'avais lu ça dans un livre, le fait de visualiser l'ouverture aider réellement à la dilatation . Bien que j'arrivais à gérer les contractions, au bout de quelques heures j'ai commencé à fatigué, j'ai voulu me reposer un peu et m'étendre allongé, mais c'était tout bonnement impossible! Alors que je n'étais même pas en phase de contraction, je ne pouvais supporter la position allongée, elle était bien trop douloureuse, je pensais alors à toute ces femmes que l'on torture à l'hôpital... Si je ne pouvais pas me reposer, alors il fallait en finir vite car je commençais à fatiguer. C'est là que je me suis vu donner un coup de pression à l'univers , je me suis vu l'implorant pour qu'il m'envoie des contractions plus intense pour sortir mon bébé! "Wooh c'est tout ce que tu as pour moi? Envoie moi de vraies grosses contractions qu'elle sorte et qu'on en finisse!" En y repensant ça parait un peu sadomaso de demander plus de contractions, plus fortes, plus de douleur... Ceci dit l'Univers m'a répondu, après seulement quelques minutes je commençais à avoir des contractions d'expulsion. Je le sais clairement car ça n'a rien à voir avec les autres contractions. J'ai tout de suite dit à ma sœur d'appeler les sages-femmes! Il était 10h on les avait déjà prévenus de la perte des eaux et du débuts des contractions mais j'avais décidé de les prévenir à la dernière minute, au moment où j'en sentirai vraiment le besoin pour qu'elles viennent à l'appartement. Je ne sais pas si j'en avais besoin, mais en tout cas je sentais que ma fille arrivait. La première sage-femme, Tanti, est arrivée très vite, je m'étais déjà rapatriée dans la salle de bain, assise sur les toilettes pour me reposer un peu. Je ne lui ai pas prêté attention j'étais dans mon monde. Ceci dit lorsqu'une nouvelle contraction est arrivée, ressentant son intensité j'ai entendu la sage-femme appeler la seconde, car elles travaillaient en binôme avec Carolina, au téléphone elle lui disait "VENITE YA!". En gros, ramène tes fesses tout de suite! J'ai compris alors que je n'étais pas folle, c'était bien ce que je pensais, j'étais déjà entrain d'expulser mon bébé. Il me semble qu'il y eu tout de même un long moment de repos entre deux contractions où j'ai pu me reposer, j'ai même eu l'impression de m'endormir un peu, lorsqu'une nouvelle contraction me sortit de mon semi- rêve. A ce moment-là je suis descendu des toilettes pour mettre les genoux à terre, appuyant mes bras sur le rebord de la baignoire et du bidet. Durant cette dernière phase d'expulsion je m'entendais au loin hurler mes Ahhh toujours en ouvrant grand la bouche, toujours en me laissant aller avec le mouvement, je n'hurlais pas de douleur, mais je criais de la puissance et de l'intensité du moment. Tout l'univers et tout mon corps se mettaient en oeuvre pour faire naître mon enfant, c'est une sensation juste indescriptible. Je sais que je ne poussais pas, mon corps faisait parfaitement seul, pourtant lorsque la sage-femme m'a demandé de ne pas pousser pour que le bébé sorte lentement sans déchirement j'ai réussi à retenir la sortie, mon esprit et mon corps travaillaient donc à l'unisson. Et puis la tête est sortie, et là, chose étonnante, ma fille s'est mise à pleurer alors qu'encore à moitié dans mon corps, ce fut une sensation assez bizarre. A la contraction suivante elle est sortie entièrement très facilement et rapidement. A ce moment j'étais à bout de force, et j'avais toute confiance en ma sage-femme pour retenir mon enfant à la sortie, elle l'a donc retenue et posé délicatement sur la serviette par terre en dessous de mon corps toujours à quatre pattes, toujours entre deux mondes. Quelques secondes ont du s'écoulaient avant que ma sage-femme me dise de la prendre dans les bras, me sortant ainsi définitivement de ma galaxie lointaine. C'est là que j'ai baissé la tête et attrapé ma fille afin de la blottir contre mon corps. Je pensais être redescendu sur Terre car je tenais ma fille entre mes bras, mais je flottais délicatement dans le ciel, j'étais aux anges... J'avais enfin ma fille dans mes bras, allongé dans le lit. Mais ce n'étais pas fini, on me rappela une étape que j'avais oublié, l'expulsion du placenta. C'était donc ça ces crampes, des contractions continuaient après l'accouchement pour sortir le placenta de mon corps. Ce fut le moment le plus douloureux. Je me rappelais des témoignages de femmes qui ont vécu ce moment presque sans y prêter attention, du genre ça sort tout seul. Le mien avait l'air bien accroché car mon corps lancé des contractions assez violentes pour le faire dégager. J'ai compris aussi avec cette expérience que durant la première partie de l'accouchement, et l'expulsion du bébé je voguais totalement dans une autre dimension d'où la douleur ne pouvait m'atteindre. J'étais dans une espèce de transe, et une fois mon bébé enfin dans les bras, une fois revenu dans mon lit j'en étais sorti, et les nouvelles contractions pour le placenta me faisaient alors vraiment mal. je ne pratiquais plus les méthodes de relaxation et de gestion de douleur je n'y pensais même pas j'avais mon enfant sur mon seins, et toujours mal dans mes entrailles. Au bout d'une heure et après avoir essayé de tirer le placenta en dehors par moi-même en tirant sur le cordon ombilical sans succès, je demandais aux sages-femmes de m'aider à me lever pour en finir. La position verticale ferait très certainement descendre le placenta plus facilement. J'avais vraiment du mal à bouger, j'étais fatigué et je sentais d'un coup toutes les douleurs dans mon corps, du bas du dos jusqu'au vagin. Une sage-femme me soutenait sous les deux bras et une autre m'aider à tenir ma fille, je me souviens lui avoir dit en espagnol de la tenir mieux, elle m'a répondu oui je la tien, et je me suis retourné vers ma sœur pour lui demander de venir tenir mieux Rosa Cali, haha l'instinct maternelle arrivait déjà au galop. Une fois debout, position verticale, le placenta est bien entendu sorti en quelques secondes et j'ai pu me rallonger. Elles l'ont examiné, tout aller bien, elles m'ont demandé ce que je voulait en faire, quoi? du placenta? Oui oui. Faites-en ce que vous voulez, non je ne veux pas l'examiner à mon tour, non je ne veux pas le garder en souvenir ni le manger. Les sages-femmes m'ont fait m'asseoir au bord du lit pour contempler mes magnifique entre jambes ensanglantés, décidant qu'il fallait un petit point de suture. Après avoir tenté de les convaincre que je n'en voulais pas, car si mon corps s'était ouvert il saurait tout aussi bien se refermer, elles décidèrent tout de même de le faire, j'étais trop fatiguée pour argumenter une minute de plus. Il me semble qu'elle m'a fait une petite piqûre, je ne suis pas exactement sûr qu'elle ait servi d'anesthésie puisque j'ai eu terriblement mal. J'ironisais intérieurement, je venais de passer plusieurs heures d'accouchement sans médicalisation sans anti douleur, j'avais sorti ma fille de presque 3kg par mon vagin et j'avais trouvé ça formidable, mais un petit point de suture m'a paru l'épreuve la plus atroce et la plus longue à endurer, surtout que je l'ai senti encore plus d'une semaine me tirailler les parties génitales ce malheureux point. Une tisane potion magique de thym et de cola de caballo ( de prêle) servit d'antiseptique les deux semaines qui suivirent, ça me soulagé énormément, notamment pour les affreux moment au toilette les premiers jours. Après l'accouchement toutes les personnes qui entraient dans la chambre me disait que c'était les tropiques, qu'il y faisait vraiment trop chaud. Moi j'étais bien, sous mes deux couvertures, les deux chauffages allumés et avec mon bébé contre moi. Amour et lumière sur toutes les femmes ♥ Marina

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